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Channel: La Loge d'Aymeric
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Mois de janvier 2014

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Le mois de janvier : quelques surprises, une révélation, mais toujours quelques déceptions.

 

Le spectacle marquant de ce mois est évidemment Einstein on the Beach, 5h de spectacle qui réussissent à garder l’attention (presque) sans moment creux.

 

En danse ensuite, je n'ai pas résisté à la dernière Belle au bois dormant de la série le 4 janvier. Espérant revoir la délicieuse Ould-Braham et le spectaculaire Heymann, un changement de dernière minute (as in deux minutes avant le lever du rideau) amène Albisson sur scène. Elle a su donner une Aurore plus jeune fille que les autres titulaires, affirmant une technique en pleine maturation. Si Magnenet fatigue rapidement, Alu finira avec brio une série (trop?) bondissante d'oiseau bleu. Barbeau convient mieux que la terrienne Colasante en Florine. J'ai pu assister à cinq représentations de La Belle, certainement le plus spectaculaire des ballets de Noureev. J'espère que la Belle ne s'endormira pas de nouveau pour dix saisons....

 

Splendeurs et misères des ballets, je suis allé au Gala du Bolchoï pour Les Illusions Perdues. La partie gala était toute aussi brillante que pour le tricentenaire la saison dernière. Une fois entré dans la salle, c'est une toute autre affaire. Après une tournée éblouissante il y a deux ans avec Don Quichotte et Flammes de Paris, qui signait avant tout l’excellence de la compagnie, ils sont revenus avec une œuvre particulièrement étrange. Le phénomène Ratmansky semble prendre dans le monde anglo-saxon (les comptes twitters parlant aisément de #ratmanskyness), mais tout ce que j'ai pu en voir restait sous la barre du passable. Ainsi de Psyché. Ainsi de Flammes (des interprètes époustouflants malgré une chorégraphie bien plate).

 

Je retrouve avec plaisir David Hallberg (que j'avais vu deux semaines avant en Désiré) et Evguenia Obraztsova, mais je m'ennuie terriblement. La dimension narrative est encore plus forte que dans Les Enfants du Paradis ou La Petite danseuse de Degas et cela finit par écraser le ballet. J'adore Balzac mais pas en ballet. Et je ne parle même pas de la musique assommante d’Asafiev. Une ou deux variations intéressantes mais le ballet ne prend pas.

 

J'ai écrit une note sur Les Nuits de Preljocaj, une œuvre amusante qui dépasse le vulgaire pour se distancer des clichés romantiques du ballet. De l'érotisme, de la sexualité, oui c'est possible dans une salle de spectacle.

 

Les derniers ballets que j'ai vus étaient à Londres où j'ai pu découvrir le classique des classiques: Giselle. Deux placements différents dans la salle, de l'amphithéâtre au coté de la scène, deux distributions éclatantes. Lamb et McRae m'ont fait pleinement croire à leur histoire, je me croyais en Allemagne et la fin m'a rempli d'émotions. Des danseurs nobles et beaux, qui s'opposaient à une Myrtha souffrante. Nunez et Soares étaient totalement différents, avec bien plus de violence sur scène contre une Myrtha rageuse. Si le physique de Soares l'éloigne des rôles classiques, sa performance semble presque actualiser l'histoire de Giselle et la placer au XXIe siècle. Nunez ne fait pas pleinement jeune femme, mais guide Albrecht dans ses péripéties. La pantomime se mêle à la danse, le superflu est éliminé, la virtuosité laisse place à l’élégance. Si la Sylphide m’avait donné une mauvaise image du ballet romantique, Giselle redort le blason.

 

Enfin, le dernier ballet du mois de janvier n'en était pas réellement un. Le Swan Lake de Bourne au Sadler’s Well privilégie largement l'idée à la danse, sacrifiée au raisonnement de mise en scène. J’avais déjà vu tout cela dans son Sleeping Beauty. Je suis donc épaté par les conceptions visuelles en termes de décors, costumes, lumière et dramaturgie mais la danse est trop absente. Le thème de l'homosexualité qui sort de la partition de Tchaïkovski avait été intelligemment utilisé par Dada Masilo pour sa version de Swan Lake. J'en étais ressorti bouleversé. Bourne décide de privilégier le spectacle: le prince souffre d'un complexe d'Oedipe, souhaitant se suicider il rencontre un homme cygne dont il tombe amoureux. Même histoire que chez Petipa, mais les cygnes sont des hommes. Bourne réussit à nous livrer un bon spectacle, on rit, on admire l’idée.

 

Côté lyrique, je suis sorti du répertoire italien classique pour accéder à des nouveautés, au premier rang desquels The Rape of Lucretia de Britten avec les solistes de l’Atelier Lyrique dont j'ai parlé ici.

 

Je suis ensuite passé aux opéras français avec une Lakmé aussi clichée que je l'attendais. Rien n'est ménagé sur l'opposition entre les Indiens sacrés et les Européens terriens. La musique est agréable sans me transcender, le livret bien plat. Regret principal : ne pas voir Lilo Baur plus inspirée pour la mise en scène, trop lisse, sans recherche réelle et sans reflet de l'œuvre. Peut etre avait elle peur de mettre en scène une œuvre si connue qui permettait tant de choix. L'ensemble est heureusement mis en couleurs par Devieilhe et Frédéric Antoun. Je n'ai pas été aussi sensible à sa voix à elle, saluée brillamment par les critiques officielles, mais j'ai passé un bon moment.

 

J’attendais de l’ennui de Werther, mais une fois les critiques de la première sorties, je me suis finalement forcé à y aller. Alagna et Deshayes m'ont enchanté. Lui n'était pas aussi rustre que d'habitude et a réussi à offrir un visage de poète romantique français. Elle s'éloignait des rôles que je l'avais vu prendre (Cherubino, Angelina, Despina, Sesto) pour nous donner une Charlotte raffinée et désespérée. La mise en scène de Jacquot est efficace mais l'ensemble manquait de force lors des derniers instants, qui aurait pu être plus larmoyant. Plasson dirigeait avec une rigueur et une grande sobriété, la musique en elle-même m'a ému. Je n'en attendais pas tant depuis Manon, Massenet m’intrigue de nouveau.

 

Un retour aux Italiens en fin de mois, avec un Rossini de jeunesse, La Pietra del Paragone. J'en retiens les prémices du talent rossinien, avec ce qui deviendra si caractéristique dans ses opéras bouffes, mais ici, les rebondissements sont trop attendus et les moments éclatants de musique sont rares. Néanmoins j'apprécie les solistes et leur intégration à la mise en scène. Celle ci utilisait la méthode de l’incrustation (comme dans une émission de météo), filmant les solistes sur un fond bleu. A l’écran, plus haut, l'image écran les plaçaient dans un autre décor: piscine, salon, chambre, jardin, terrasse. Ou comment s'éviter le tracas des décors. L'ensemble est astucieux, je passe donc un bon spectacle, sans plus.

 

Mois de janvier 2014

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