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Le Capitole de Toulouse danse Noureev à Massy

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Opéra de Massy

15 décembre 2013

 

 

La génération Noureev a quitté successivement la Grande Boutique une fois le glas de la retraite sonné, pour aller danser ailleurs mais surtout pour enseigner l'héritage du Tatare au monde de la danse. Ainsi de Legris à Vienne, de Vu An à Nice ou encore de Jude à Bordeaux. En 2008, Kader Belarbi quitte l'Opéra après un ultime Signes et prend en 2012 la direction du Ballet du Capitole de Toulouse. En cette année d'hommage à Noureev, il se sentait donc obligé de rendre hommage au chorégraphe et a conçu ce programme qui réunit des chorégraphies parmi le best of Noureev.

 

La conception même de ce programme ressemble beaucoup à ce que Noureev faisait lorsqu'il tournait inlassablement avec ses Noureev and friends. Un théâtre pas forcément prestigieux. (Je vous rappelle que le spectacle été ici présenté à Massy), une bonne bande son (ce qui selon lui valait mieux qu'un mauvais orchestre), peu de répétitions sur place et du talent pour interpréter ces pas de bravoure.

 

J'avais déjà vu les extraits proposés dans un des opéras parisiens et je commence à bien les connaitre. Je me cramponne à mon siège en entendant la musique de la variation de la première ombre de Bayadère, vu tellement de fois au concours l'année dernière. La descente des ombres est réduite à 18 danseuses qui remplissent bien le plateau sans pour autant paraitre trop serrées. Ces ombres tremblent un peu mais, en gardant une vue d'ensemble, c'est très correct. Les ombres se succèdent, me rappelant que j'avais déjeuné un jour avec la première Ombre (sans doute une fois que je me promenais vers l'Himalaya). Le niveau commence sérieusement à s'imposer, les trois variations sont très bonnes techniquement. J’ai trouvé Solor (Kazbek Akhmedyarov) un peu en retrait, semblant stressé et courant après la musique, permettant en contraste de la faire briller tout à fait. Nikiya (Tatyana Ten) arrive ensuite, tout à fait altière et maitresse de sa technique, restant très sérieuse et pleine de grâce.

 

En pleine saison d'orgie de Belle au bois dormant, je ne refuse pas non plus un nouveau pas de deux du mariage. Siliva Selvini et Evgueni Dokoukine forment un couple tout mignon, tout sucré, presque aussi féerique et enfantin que Casse-Noisette. Tout y est très solide, l'enthousiasme est présent, tout le monde se sourit. Un léger problème dans le début de la coda mais rien de bien grave, ils sont solidement applaudis. Ils ont compris le principe du gala, ne pas directement toucher l'émotion mais impressionner et se faire plaisir.

 

Un pas que je n'avais pas vu depuis longtemps : le pas de trois du cygne noir. Problème initial, le costume de Rothbart, à mi-chemin entre la grenouille et le Power Ranger, que l'obscurité de Bastille a l'habitude de dissimuler! En pleine lumière, il parait vraiment ridicule. Sinon je trouve le cygne noir de Julie Charlet brillant, regardant d'un air malicieux Rothbart alors qu'elle attire un Siegfried qui parait bien naïf. Sa technique est assurée, avec de beaux fouettés. Rothbart (Takafumi Watanabe) va un peu trop vite, il ne me parait pas suffisamment musical. En face, le (bienheureux) Siegfried de Shizen Kazama semble rapidement essoufflé. Dans l'ensemble, cela donne quand même un beau résultat notamment au début et à la fin, on comprend la dramaturgie rapidement.

 

Le programme se finit par un nouveau succès de Noureev, le mariage de Don Quichotte, immédiatement applaudie par le public pour les costumes et les décors. Tout y est effectivement bien joli, à l'exception néanmoins des tutus des demoiselles d'honneur, fuschias à souhait. Le corps de ballet retrouve ici un peu d'utilité avec le fandango avant de laisser de nouveau la place à Mlle Charlet (accréditée fouettés au Capitole) et M. Watanabe, tous les deux aussi beaux qu'en pleine forme, aussi explosif que le demandent ces rôles. Ses piqués à l'éventail réussissent presque à me tenir en haleine, tandis que je prends peur pour les têtes des figurants lors de son manège, vu la taille de ce Basilio, dont l'explosivité est davantage de rigueur ici que pour Rothbart.

 

Tous ces pas académiques et découpés, hérités pleinement de Petipa, ont été éclairés par un pas de deux rempli d'émotion, sans doute le seul du programme, bien loin du classicisme. Ce fut la scène du balcon de Roméo et Juliette, avec un couple très crédible. Maria Gutierrez est une Juliette dans la fleur de l'âge, Davit Galstyan est un Roméo jeune adulte rempli d’excitation. Ils réussissent un pas superbe, se trainant sur la scène de Massy avec une grande expressivité et de la passion réel.

 

Le Capitole de Toulouse danse Noureev à Massy

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