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Danse en mars 2014

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La danse a été très diversifiée en mars, de la recréation classique aux projets contemporains de nouvelles compagnies.

L’Opéra de Paris a fini une période de flux tendus entre Onéguine et le programme Cullberg/De Mille. Ce dernier diptyque a décidément été très intéressant, surpassant la simple notion d’œuvres muséales, comme je l’avais pensé lors de ma première représentation. Je reste convaincu que le couple Bullion/Abbagnato est le meilleur pour exprimer les tensions de Mademoiselle Julie (j’admets ne pas avoir réussi à voir Grinsztajn/Bézard). Les personnalités des danseurs s’accordent parfaitement avec celles des personnages.

Ce fut un plaisir de voir Nicolas Le Riche pour sa dernière représentation à Garnier avant ses adieux. S’il donne une interprétation intéressante et explosive de Jean, j’ai trouvé que Dupont restait trop dans la retenue pour nous donner une Julie tout à fait convaincante. L’image qui me restera le plus de ce ballet est à n’en pas douter Yann Saïz, moustachu et vêtu d’un costume fuschia, en fiancée. Un rôle court et amusant que le danseur a relevé avec beaucoup de talents.

Fall River Legend est une œuvre très intéressante mais au bout de la troisième fois je me lasse un peu. A l’inverse de quelques autres bloggueurs, j’ai trouvé Pujol la plus réussie en Accusée, son jeu d’actrice est parfaitement en adéquation avec l’expressivité que demande le rôle. Le décalage avec la jeunesse de Raveau rend la pièce encore plus intéressante. Le couple Renavand/Chaillet m’a quand même laissé une bonne impression (surtout vu de si près), la complicité entre ses danseurs a bien servi dans les moments de couple.

J’ai continué mon chemin dans la danse moderne en allant voir les pièces contemporaines du Los Angeles Dance Project de Benjamin Millepied. Si la précédente édition m’avait laissé une impression moyenne, je suis sorti plutôt content de cette soirée au Châtelet. Les danseurs sont décidément d’une technique et d’une plastique idéale pour ce genre de répertoire ; ils semblent si heureux d’être là.

Mon premier replacement m’a écrasé les jambes et donc je n’ai pas trop pu regarder le Gat, mais la chorégraphie ne m’a pas tout à fait parlé. J’en ai vu un, je suis donc prêt à en aborder d'autres. La pièce du japonais Umeda (Peripheral Stream) jouait sur les stroboscopes du fond, chaque danseur semblait dépendre d’une fréquence de lumière et de son, pour un résultat certes épileptique mais très intéressant et électrisant. Je reverrai cette pièce avec plaisir.

J’ai regretté que la pièce de Justin Peck soit si peu originale. On aurait cru un remake 2014 de certaines chorégraphies de Robbins, West Side Story style. Pas trop de début ni de fin, des applaudissements timides arrivent entre chaque morceau, avant que l’on comprenne réellement que c’est fini en regardant notre montre. Un peu léger, heureusement que les interprètes sont si sympathiques. Les américains semblent beaucoup parler de ce jeune prodige du NYCB, restons donc à l’écoute.

Je me suis finalement réconcilié avec Millepied. Sa pièce de l’année dernière m’avait laissé une bien piètre première impression, et c’est sa pièce Closer (2006) qui m’a le plus plu dans cette soirée. Rien d’innovant, on sentait bien l’inspiration de Preljocaj (Le Parc surtout), mais la musique de Philip Glass et les danseurs ont réussi à me convaincre. On frissonne même un peu.

J’ai testé une nouveauté en fin de mois : la retransmission live depuis le Bolchoï (via le service de Pathé Live) d’un ballet. Avec une absence de ballets purement classiques à Paris en cette fin d’année, c’est la solution la moins couteuse pour en voir (les billets d’Eurostar reviennent finalement assez chers). La recréation de Marco Spada de Pierre Lacotte et son entrée au répertoire par le Bolchoï la saison dernière avait reçu de bons échos dans les médias. C’est le style français comme Lacotte aime et sait le défendre et comme le Bolchoï sait le danser. Seule la compagnie moscovite est capable de faire danser cinq (voire six) premiers solistes pendant trois heures sans que l’on puisse voir de signes de fatigue. La petite batterie est respectée, le jeu d’acteurs important et la virtuosité éclatante.

Hallberg est le maître de ce spectacle, naviguant à travers la scène et les pas de deux avec un sourire malicieux et amusé, et une aisance insolente. Obraztsova assure une contrepartie bien plus délicate, toute en finesse directement importée du Mariinsky. Smirnova, la rising star moscovite, s’impose effectivement comme une grande ballerine, dans l’interprétation comme dans la technique. Un trio de tête auquel se rajoute les différents mariés. L’histoire est moins complexe que Paquita (qui a réellement compris tout Paquita sur scène ?), mais tout aussi improbable. J’ai l’impression de voir un mélange entre Les Brigands d’Offenbach et La Fille du Régiment de Donizetti. Un délicieux et long spectacle dont on sort avec le sourire.

Le mois avait commencé par un autre numéro de virtuosité : le gala en hommage à Manuel Legris. Une sympathique soirée, malheureusement avec un public bien trop clairsemé. Attention néanmoins aux malédictions, un hommage alors que la personne est encore en vie peut porter malheur. Rassurez-vous, le directeur du Staatsballett de Vienne est bien en forme. Si la chorégraphie de Sylvia m’a bien ennuyé (les costumes viennent-ils de Une Sorte de… d’Ek ?), je l’ai trouvé remarquable dans Le Parc (avec une Aurélie Dupont qui se laisse enfin aller) et drôle et efficace dans la super Chauve Souris de Petit.

Il y chaperonnait d’ailleurs sa star Olga Esina, déjà remarquée lors de la dernière tournée du ballet aux Etés de la danse. Une bien belle danseuse aux jambes infinissables qui se glisse dans la plupart des rôles. Je passe sur son Lac, dont je me passe bien en gala, mais son Anna Karénine m’a bien donné envie de voir le ballet.

Les moscovites m’ont bien plu avec leur classiques Belle au Bois Dormant et Fille du Pharaon, toujours un plaisir de voir leur finesse et rapidité de jeu, Krysanoba et Chudin ont bien représenté la danse russe ce soir là. Tout comme les danseurs de Stuttgart (Eichwald et Vogel), si leur Manon ne m’a pas laissé de souvenir poignant, j’ai adoré leur Mona Lisa, du Forsythe réactualisé dont je garde un excellent souvenir !

J’ai trouvé le ballet de Paris un peu plus faible, Donizetti Pas de Deux n’est pas exceptionnelle et le solo de la Belle ne rend pas aussi bien quand il n’est pas inséré dans le ballet. Heureusement, la technique et les sourires de Giezendanner et Heymann nous empêchent de nous ennuyer !

Les stars de la soirée ont été sans aucun doute Nuñez et Soares. Leur Don Quichotte a commencé par montrer leurs capacités techniques, leur Winter Dreams leur capacité à émouvoir, même en peu de temps. Elle est décidément une superbe ballerine. Je trouve également que Soares a une certaine présence sur scène particulière, bien différente des autres danseurs de la soirée : il est terrien, attentionné, un peu brut.

Le mois de danse s’est fini par une très sympathique rencontre avec Isabelle Ciaravola à l’occasion d’une conclusion sur sa carrière officielle à l’Opéra de Paris. Enseignements en Corse et ailleurs (Pologne, Lettonie, Japon…), tournées avec Nicolas Le Riche, spectacles, la plus jeune ‘retraitée’ de Garnier semble tout à fait sereine pour son avenir. Je la retrouverai avec plaisir à Amiens avec Nicolas Le Riche.

Danse en mars 2014

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