Musiques de Karlheinz Stockhausen. Chorégraphies : Angelin Preljocaj. Virginie Caussin, Lorena O’Neill, Nagisa Shirai, Sergio Diaz, Jean-Charles Jousni, Julien Thibault, Gaëlle Chapaz, Natacha Grimaud, Yurie Tsugawa, Sergi Amoros Aparicio, Marius Delcourt, Fran Sanchez.
Preljocaj est un
chorégraphe que j'apprécie beaucoup, notamment car il représente un grand nom de la danse française à l’international. Mes avis sont variés quant à ses
œuvres. Sa Blanche Neige avait été mon deuxième ballet, m'avait beaucoup impressionné. Siddharta pour le ballet de l'Opéra avait été pour moi une autre bonne soirée. Annonciation
m’avait laissé des impressions très partagées. Mais alors que retenir d'Empty Moves? Et l'ensemble de sa pièce sur l'apocalypse, Suivront mille ans de calme, ne tenait pas totalement la
route.
Helikopter m'a assommé par sa musique, son visuel et
son propos inexistant. Eldorado en comparaison était bien bien meilleur, au moins regardable, et avec un propos que j'ai trouvé un peu traditionnel mais qui a le mérite d'exister.
La musique de Stockhausen pour Helikopter vient d'un rêve du compositeur où il vit des musiciens portés par
des hélicoptères. Ca commence bien. La musique se compose donc de bruit d'hélicoptère, du décollage à l’atterrissage et de bruit de sirènes. De temps à autre, une voix compte en allemand. 40
minutes qui font bien mal aux oreilles. Je m'attendais néanmoins à bien pire et ai réussi à survivre. Le silence qui suit paraît bien
doux.
Le visuel est également horripilant. Tout se déroule sous les pieds des danseurs. Une image d'hélice qui
tourne de plus en plus vite, puis des rayons de lumière qui avancent parallèlement et sont perturbées par les gestes des danseurs qui laissent alors des vagues de lumière à leur pieds. Enfin, le
comble lorsque nous entrons dans la Matrice et que des colonnes de chiffres défilent en vert.
Enfin, je ne pense pas avoir jamais aussi peu compris une pièce dansée. Le message se résumerait il à une critique de notre vie en non stop? La voix qui compte arrive péniblement à treize quelque fois.
Des hélicoptères qui tournent sans arrêt, seuls, sans regarder les autres. La critique de la mondialisation et de l’hyperactivité, c’est un peu vieillot et fatigant. Ou alors je me trompe
totalement et cela se résumait à de la danse pour de la danse. Mais dans ce cas là, et malgré la qualité des danseurs qui me paraissent bien plus humains, je n'ai pas su comprendre. Le corps
décomposé, porté par les autres, comme s’il y avait une mécanique de l’anatomie proche de celle des hélicoptères, je ne suis pas très fan. S’il faut forcément acheter le programme pour comprendre
un peu une pièce, cela fait bien cher la soirée. La fin souhaitée arrive rapidement sous un unique sifflement et des applaudissements un peu maigres.
S'ensuit Eldorado, tout nouveau genre. La musique met un peu de temps à démarrer après un prélude
silencieux où chaque duo se succède.
La scène se passe donc dans une sorte de temple, chaque statue reste figée devant sa stèle qui s'illumine.
Quelques divinités esquissent quelques pas, des duos féminins ou masculins. Le tout dans un silence d'or (enfin, accompagné des eternels éternuements et toux du public). Puis la musique apparaît.
Les groupes grossissent, prennent de l'espace, de l'énergie, commencent à timidement se mélanger, mais chacun reste bien loin des autres. Tout est pour le
mieux dans le meilleur des mondes.
Mais l'équilibre de cette cité idéale ne tient pas, ou pas toujours. Un groupe d'hommes et de femmes le
brise soudain, et le premier contact entre les sexes est fait. Violence, passion, amour pour quelques instants. Puis les hommes disparaissent. Les femmes retournent alors à leurs stèles, mais ne
peuvent tenir de façon aussi hiératique qu'auparavant, elles semblent dominées et dépendantes des hommes. Ces derniers reviennent revitalisés et indifférents aux sorts des femmes. Après une sorte
d'orgie, les femmes prennent soudain le pouvoir. Chaque geste de femme, doux puis plus violent se répercute par un mouvement de l'homme. Après quelques pas entre les groupes maintenant aux
pouvoirs plus équilibrés. Puis chacun se replace devant sa stèle, enfin droit. Et la lumière s'éteint. Le cycle est terminé. Pour
maintenant.
A noter toujours une excellence des danseurs, notamment ce pas de deux final entre les deux femmes. Mais
chaque moment avec l'ensemble des danseurs est joli, la danse est fluide et naturelle. J’aime beaucoup ces va et vient des danseurs qui
entrent et sortent de la scène tout simplement. Le fait de ne pas avoir forcément des danseuses filiformes rend la pièce décidément plus humaine.
La musique semble ici bien douce comparée à Helikopter, mais semble bien assommante quand même, cette fois
ci par sa monotonie. Cette idée de cycle de vie sexuelle plus libérée à un instant donné, avant le retour de chacun à sa place originel, avec une musique qui insiste sur la constance de tels
événements, cela me donne un peu le cafard quand même. Finalement cela a un petit côté 1984.
Ces deux pièces m’ont peut être bien semblé un peu vieillies, pour la musique certainement, moins pour la chorégraphie. Je sors de Garnier sans savoir si je suis déçu, interloqué ou satisfait.