Premier Cauchemar: Samuel Murez avec Lydie Vareilhes, Laura Bachman, Leonore Baulac, Leila Dilhac, Claire Gandolfi, Camille de Bellefon, Emma d'Huimeres, Francois Alu, Jeremy-Loup Quer, Takeru Coste, Niccolo Balossini, Antonio Conforti, Axel Alvarez, Loic Pireaux et Hugo Vigliotti.
Deux à Deux: Maxime Thomas avec Letizia Galloni et Maxime Thomas.
En attendant l'année dernière: Gregory Gaillard avec Lucie Fenwick.
Kaléidoscope: Allister Madin avec Fanny Gorse, Caroline Osmont, Gwenaelle Vauthier, Camille de Bellefon,
Allister Madin et Hugo Marchand.
Smoke Alarm: Julien Meyzindi avec Alice Renavand et Alexandre Gasse.
Songes du Douanier: Alexandre Carniato avec Charlotte Ranson, Letizia Galloni, Aurélien Houette et Alexandre
Carniato.
Stratégie de l'Hippocampe: Simon Valastro avec Eve Grinsztajn, Eleonore Guerineau, Alexis Renaud, Hugo
Vigliotti et Jean Baptiste Chavignier
Pour la première fois, je me rends aux Danseurs-Chorégraphes, spectacle qui laisse pour une fois la place aux
danseurs du corps de ballet (deux quadrilles, deux coryphées et trois sujets) pour qu’ils aient droit à leur tour de chorégraphier. A l’image des
étoiles comme Marie-Agnès Gillot récemment,
Nicolas Le Riche pour Caligula ou encore José Martinez pour Les Enfants du Paradis, le danseur passe de l’autre coté de la chorégraphie. Comme disait Clairemarie Osta lors d’une conférence donnée
peu après ses adieux à la scène, danseur et chorégraphe ne vont pas forcément de pair. Les danseurs de l’Opéra s’en sont sortis de façon très inégale, certains arrivant à un travail très abouti,
d’autres sentant un énorme pouvoir de Créateur qu’ils ont eu du mal à canaliser.
Allez je vais etre fair play et ne pas commencer par les échecs et finir par les succès ou l'inverse. Reprenons donc
l'ordre chronologique.
Samuel Murez n'en est pas du tout à sa première chorégraphie, loin de là! Son travail semble donc ici totalement
maîtrisé. Le thème est certes un peu galvaudé: l'individualité est effacée par la société mondialisée. (Déjà vu dans Fantasia par exemple) Un homme en pyjama se retrouve dans un rêve où des
groupes de gens (hommes, femmes: il n'est en aucun cas fait de différence de genre) vêtus de costume et munis de malette de bureau. Ils sont tristes, gris, avancant en groupe. On se croirait à La
Défense à huit heure.
Hugo Vigliotti réussit très bien à tenir le role du reveur, apeuré, avec un desir de s'émanciper, de continuer à
vivre, avec des développés et autres positions qui rappellent la danse dans ce qu'elle a de plus noble. En les voyant, si brievement arrêtés, j'ai de la peine. Rapidement la foule a raison de
lui. Alors qu'il s'intègre à leur ballet des malettes qui s'agitent, il se réveille, sort brusquement de son lit, revêt un costume, et tire
du tréfonds de son lit... une malette.
Cette pièce est construite, narrative comme il faut, intégrant différentes façons de danse, avec des danseurs
impliqués. Elle est un sneak peek d'une prochaine oeuvre plus longue de Murez, qui je l'espère sera un succès!
Pour la piece suivante, Maxime Thomas s'est prêté au jeu. Pour une première tentative c'est satisfaisant. Tout
d'abord un excellent choix de musique (Concerto italien de Bach) et d'interprète (en plus de M Thomas, la charmante Letizia Galloni). Après,
le chorégraphe a voulu mettre tout ce qu'il connaissait, les différentes influences que les pièces qu'il a jouées ont eu sur lui. Les cinq minutes passent finalement assez vite, grâce à une
esthétique blanche très agréable.
Gregory Gaillard n'est pas à ses premieres chorégraphies, et pourtant sa pièce ne m'a pas trop convaincu. Une grande
implication de Lucie Fenwick certes, des lumières qui ne cessent d'evoluer, de très belles lignes, mais un ensemble qui m'a paru bien vide de
sens.
Quelques instants d'entracte nous permettent d'apercevoir tout le gratin de
l'Opéra quelques étages plus hauts: Laurent Hilaire, Brigitte Lefevre, Thierry M, Mathilde Froustey...
Kaléidoscope, d'Allister Madin fait partie des succès de cette
soirée. Bon oui vous me traiterez de schizophrène si je vous dis que le manque de trame narrative ne m'a pas dérangé. Une femme se proméne le long de la scene agitant sa robe comme Kitri, comme
quoi chaque oeuvre influence considérablement ses interprètes. L'ensemble joue surtout sur l'effet de lumiere, créant des espaces où se placent les differents danseurs. De très belles images se
succèdent avec des interprètes très impliqués. Il est tres intéressant de voir comment Allister s'inscrit dans sa chorégraphie comme il l'imagine et comment Hugo Marchand la perçoit comme
danseur.
Mais le plus beau moment de cette soirée, ce en quoi je
l'imagine peut être le plus sur la scène officielle de l'Opera, reste Smoke Alarm de Julien Meyzindi. Déjà l'apprenti choregraphe a su s'entourer de supers danseurs: Renavand et Gasse ont déjà
fait très largement leurs preuves sur les deux scènes principales. Etonnamment, même si je suis un enorme fan d'Alice, c'est la prestation de Gasse qui m'a le plus plu, dont le solo introductif. Mais ensemble ils forment un très beau couple, avec de très belles lignes, un grand raffinement dans la danse, surtout grace à la présence
d'Alice.
Je suis passé complètement à côté du Songes du Douanier, j'ai
decroché au bout d'une minute. Le public semblait ravi, je n'ai vraiment pas compris. Voir sur l'affiche Galloni et Ranson me faisait baver d'avance. Mais alors Galloni passe son temps derrière
un éventail deplié et Charlotte est tournée en ridicule car elle ne réussit pas à mettre son affreuse robe verte. Je me sens comme dans un retour à la nature depuis la civilisation, finissant sur
une sorte de parallèle avec le Roi Lion. Bref donc non. Enfin si, pour revoir un strip tease de Charlotte Ranson.
Et cette soiree très intéressante finit par la pièce la plus
intéressante: Stratégie de l'Hippocampe. Qu'en penser? Je n'en sais toujours rien. La prestation d'Eve Grinsztan sans doute, mais également de l'ensemble des danseurs: l'homme, sa
femme, ses deux enfants et le chien. La photo de famille parfaite se désintègre dans une atmosphère un peu à la Mats Ek: le frère tue sa soeur, punit le chien. Le père quitte la mère qui prend
alors son destin en main. Les costumes rappellent l'imagerie proustienne, alors forcément, cela contribue à une impression positive. Que dire? La danse semble naturelle, s'inscrire dans un cadre
narrative.
Une soiree donc très mosaïque, avec de multiples impressions tout aussi variées!