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Le Gala des Etoiles

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Théâtre des Champs Elysées
20 septembre 2013

 

Dès que j’y vais, je suis toujours tiraillé entre le « je n’y retourne jamais je déteste le format » et « quelle bouffée d’air de voir d’autres danseurs de talent à Paris. » Cette année, j’étais particulièrement fatigué en arrivant au TCE, et l’ambiance dans la salle m’a exténué. Mais passé les premiers éléments (listés ci-dessous), on y passe un très beau moment de danse.

 

Si seulement il n’y avait pas eu ça :

  • Le bug technique de la lumière et du rideau. On ne comprend pas très bien pourquoi la lumière se fait pour les applaudissements d’Evan Mckie, qui se sent à la fois flatté et perdu. Tant pis, on l’applaudit encore plus.
     
  • La musique qui grésille, dès le début, et qui empire avec les derniers morceaux, notamment la troisième de Mahler. En plus, la musique n’est parfois même pas lancée au bon moment. Le public finit même par se moquer de la bande son de Flammes de Paris.
     
  • Les mécènes russes qui se croient au Bolchoï et débarquent au choix en robe longue ou alors en t-shirt. Et ils ne semblent déranger personne en arrivant tranquillement après l’extinction de la lumière et le lever du rideau. Et à applaudir on ne sait pas trop quoi.
     
  • L’aspect gala trop (mal) médiatisé. Oui, évidemment, c’est Simkin qui a été utilisé pour l’ensemble de la communication, et donc c’est le seul danseur à se faire applaudir en entrant sur scène, ce que je ne trouve pas tout à fait correct. Puisqu’il apparait dans des articles du Figaro et des Echos, on succombe rapidement au star system.
     

Je ne pars pas danse une réflexion (vide) sur la pertinence ou non du principe du gala, les danseurs présents semblent rompus à cet exercice, tout comme la plupart des morceaux choisis. Je décide donc ainsi de remettre les prix suivants :
 

  • Prix Un Certain Regard : Basbayeva et Gatauov de l’Opéra D’Astana.
     

Je n’ai pas tout fait compris ce qu’ils faisaient là entre les énormes talents présents plus connus. Certes, cela aurait pu être la découverte de la soirée, mais non. Ils étaient présentés en ouverture de la soirée, dans le pas de deux de la Fille mal gardée. Ils étaient tous les deux évidemment stressés. Elle a réussi à donner un peu de vie à sa variation, mais ca reste un peu trop droit. Lui tremble presque.

 

Ils ont ensuite voulu danser le pas de deux de Flammes de Paris, entre mon souvenir d’Osipova/Vasiliev et les bugs musicaux, ce n’est pas vraiment ça, ils reçoivent en prime le prix de la participation.
 

  • Prix Espoir Jeune : Mattia Russo, Daan Vervoort et Kayoko Everhart de la Compania Nacional de Danza
     

José Martinez était de passage à Paris pour encourager trois de ses danseurs. Il en a profité pour passer voir Alceste à Garnier et s’asseoir devant moi lors du gala.
 

Le premier duo nous offre une sympathique chorégraphie moderne, sur une musique minimaliste, comme un murmure, qui finit même par s’arrêter quelques instants. Je n’ai pas tout à fait compris de quoi il s’agissait, c’était tout ce que j’aimais, de la danse pour la danse. Ils n’y étaient peut-être pas tout à fait à l’aise, mais l’effet global était bon.
 

La deuxième partie m’a moins emballé, dans une ambiance musicale plus torride et espagnole, avec de jolis mouvements certes mais un ensemble qui nous laisse un peu sur notre faim.
 

Passons, le bilan espagnol est dans l’ensemble très correct.
 

  • Prix Hommage aux Habitués : Julien Favreau et Elisabeth Ros, Béjart Ballet Lausanne
     

Favreau et Ros, ce sont toujours des bonheurs à voir, même si cela aurait été sympa de découvrir Kateryna Shalkina, mais le duo star du Béjart Ballet Lausanne ne refuse pas.
 

Béjart en gala, c’est très bien, on comprend tout de suite l’esprit, cela met en valeur facilement et rapidement les interprètes. Ainsi les jambes vertigineuses de Ros et ses bras qui s’agitent font d’elle un oiseau, comme un cygne, qui réveille Favreau d’un sommeil ou alors appartient à son rêve. L’extrait permet en quelques secondes un cours de classiques, avec les pointes et les positions les plus impressionnantes. L’effet est tout de suite impeccable. Favreau réussit toujours à paraitre très viril et jeune premier, avec un charisme qui m’impressionne à chaque fois.
 

Pour le second extrait, Wien Wien, après un pas plus classique qui s’inscrit sans souci dans l’optique gala, ils choisissent de se faire plaisir dans une œuvre qui me rappelle par moment le duo Black Cake de Von Manen. Ils semblent s’amuser, se sourient l’un à l’autre. Ils n’ont plus besoin de prouver leur technique ou de briller particulièrement, ils le font naturellement. Indéniablement des étoiles.
 

  • Prix Découverte bienheureuse: Maria Kochetkova et Taras Domitro du San Francisco Ballet
     

La nouvelle maison de Mathilde Froustey nous a envoyé deux très bons éléments. Ils ont suivi à la lettre le manuel du gala : un énorme classique du répertoire et un pas plus contemporain.
 

Bordelands est très sensuel, vivant et attirant. Les deux danseurs font preuve d’une très bonne technique et d’une interprétation lyrique, mais je ne garde pas un souvenir impérissable de cette chorégraphie.
 

Ils clôturent la soirée avec le feu d’artifice quichotte-ien (c’était ça ou Le Corsaire, sinon un gala de danse n’en est pas un) qui pourrait faire pâlir quelques étoiles du côté de la grande boutique. Enjoué, énergétique, du début à la fin on ne lâche pas les danseurs des yeux. J’ai toutefois l’impression que la chorégraphie est plus simple que celle de Noureev et il n’y a pas de piqués avec l’éventail, ce qui perd un peu de son charme.
 

  • Prix de l’habitué heureux : Evan McKie de Stuttgart.
     

De nouveau seul invité de Stuttgart cette saison, Evan nous offre deux solos intéressants. Je sens qu’il a surtout voulu se faire plaisir pour le premier, Sturm, comme s’il était enfermé fou dans une salle sans avoir la clef. Je suis un peu passé à côté, mais je le sentais heureux sur scène.
 

J’ai beaucoup plus apprécié le superbe Capriccio, un solo très entrainant qu’on ne lâche pas du regard et où chacun des mouvements du danseur, des bras aux jambes, semblent signifier quelque chose. C’est toujours un bonheur de le voir sur scène et j’aimerais bien le revoir inviter dans un grand ballet classique !
 

  • Prix du feu d’artifice : Simkin (et sa partenaire Yana Salenko de Berlin)
     

Je l’avais vu il y a quelques années danser Les Bourgeois au TCE et j’avais à peu près oublié qui il était jusqu’à ce qu’on me ravive la mémoire. Oui oui le petit prodige était toujours là, et de plus en plus connu. Depuis l’ABT, il s’amuse à New York, semble se moquer de la gravité, revoit des sauts de plus en plus époustouflants.
 

C’est la bête de cirque, la bête à gala. Ou encore l’anti-Polunine. Il n’a pas besoin de se torturer l’esprit, il danse, il est heureux, il aime se faire applaudir. Chacun de ses pas entraine des OHHHHH et des AHHHH. Sa partenaire, Yana Salenko de Berlin, est tout à fait au niveau. Elle nous rappelle à la réalité en représentant la danseuse hors pair qui sert de partenaire au génie. Leur pas Stars and Stripes, hilarant par son thème militaire et sa volonté nationaliste, est ainsi une vraie merveille pour le feu d’artifice et les mets tous les deux en valeur.
 

Le second extrait, La Pluie, est un peu plus étrange, il offre d’abord la scène au seul Daniil dans un solo très énergétique de pyrotechnique, pour finir par un pas plus romantique sur de la musique de piano accompagnée par un doux murmure. C’est un bref moment, pendant lequel je me demande si oui ou non il serait capable de danser un rôle de prince plus lyrique, un Siegfried ou un Désirée. En tout cas je me dis de plus en plus que je vais aller voir son Basilio au Palais des Congrès. Des feux d’artifice de temps en temps, ca fait du bien.

 

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