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Les Nuits (blanches) de Preljocaj

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Vendredi 10 janvier 2013

Théâtre de Chaillot

Les Nuits, Angelin Preljocaj

Compagnie Preljocaj

 

En créant Le Parc, Preljocaj était encore un chorégraphe bien élevé, qui parlait d'amour en faisant intervenir Marivaux et Mozart. 20 ans plus tard, Angelin s'est un peu décomplexé et nous présente ses nuits torrides.

 

Les Nuits nous présente une vision un peu pessimiste des couples au XXIe siècle. Tout le monde se drague, puis se retrouve dans des lits pour du sexe plutôt violent, puis on se redrague et ca repart. Certes cela fonctionne pour certains couples, où la violence entraine des sentiments d'amour palpables, mais c'est malheureusement rapidement noyé dans la masse. La fin ne nous laisse pas une meilleure idée, les femmes sont laissées après la nuit, enfin indépendantes, jusqu'à la prochaine nuit,

 

Et Shéhérazade dans tout ça? Et les 1001 nuits? Et bien gardons le sur le côté. La femme intelligente du khalife ne surgit d'aucune femme ici. Aucune ne réussit à calmer les ardeurs de son mari pour le fidéliser, sauf une, un instant, noyé dans le reste de l'action. Si cette pièce nous raconte la vie d'une Shéhérazade version 2013, c'est alors une vision plutôt triste. Certes comme la princesse, elles sont indépendantes le jour mais forcenées la nuit. Mais c'est un peu tarabiscoté.

 

Le rideau s'ouvre sur les douze femmes, au hammam, on dirait une before entre copines, on se pomponne avant de sortir. Puis comme toujours les hommes entrent, le rythme s'accélère et on arrive dans une ambiance plutôt sexy, une boîte chaude où les couples se font et se défont. Première apparition de la violence.

 

Un couple d'hommes reste seul, ce sera un couple de femmes plus tard. Les premiers sont violents entre eux, les deuxièmes plus sensuelles. Les hommes sont jaloux de cette sensualité, arrivent pour intervenir et les séparer.

 

Entre ces deux scènes de couple, une scène qui semble rappeler un bal comme dans Grease, tout le monde est habillé plus sagement, les femmes ont leur chorégraphie, les hommes la leur, et il y a peu d'interactions. Une transition avec le prude Parc?

 

Les femmes, dans une robe d'un rouge sensuel, dansent sur talons aiguilles, sur une chanson qui parlent de girlz. Comme quoi les garçons, c'est pas gentil et c'est vraiment pas le prince charmant. Plus tard on retrouvera une scène identique, où des hommes arrivent, bien habillés, bien propres. Ils sont gentils, caressants. Mais finissent par repartir. Le prince charmant n'est qu'un rêve.

 

Deux scènes se distinguent néanmoins de cette méchante vision. Après ce qui s'avère être des partouzes, un couple reste sur scène et semble se découvrir. Je retrouve alors ici la poésie du Parc, la recherche de l'autre et de soi-même. L'avant-dernière scène allonge les hommes à terre, un narguilé entre les jambes, les femmes manipulant les tuyaux, excitant les hommes en soufflant dedans. Elles entourent parfois les bras et les cous des hommes, comme prêtes à les tuer. La femme prend alors l'ascendant. Mais ils finissent par s'en sortir, sans même débattre.

 

Enfin, lors de la dernière scène, les femmes sont placées derrière des fenêtres, les hommes les retrouvent une dernière fois avant de les laisser de nouveau, comme les abandonnant à leur destinée, enfermées derrière leurs fenêtres.

 

Finalement, et je vais peut être paraitre très macho, cette pièce ne m'a pas déplu. Mais ce n'est pas le propos qui m'a tenu à coeur (ayant vraiment l'impression d'assister à un porno soft), mais l'esthétique globale de la pièce, entre les costumes d'Alaïa et les lumières, les pauses proposées par Preljocaj créent de très jolis tableaux qui restent en tête, avec un décor simple jouant sur les lumières, qui rappellent l'Orient. Comme si Preljocaj avait fait comme Montesquieu et ses lettres persanes: utiliser l'Orient comme excuse pour illustrer l'Occident.

 

Les Nuits (blanches) de Preljocaj

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