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Madame Butterfly: Wilson et Vassileva

12 mars, Opéra Bastille

 

L'oeuvre en elle-même vaut le détour mais il faut avouer qu'elle reste dans l'ensemble plutôt soporifique, d'où la nécessité d'avoir une mise en scène irréprochable qui puisse rendre le spectacle attirant. Bob Wilson, décidément bien présent cette saison, revient avec cette production de 1993, que j'ai enfin réussi à voir. À n'en pas douter un véritable succès, qui survit à travers le temps.

 

Wilson nous offre cette esthétique qui lui est si particulière, de la lumière au costume et maquillage. Ici, comme dans son Einstein, chaque geste est précis et étudié pour sa finalité. La scène est un jardin japonais au cours duquel les destins se font et se défont le long du chemin pour s'éterniser dans le jardin. Le thème japonais ne sombre jamais dans le cliché. La sobriété reflète la partition, tout y est droit et clair. La robe de Mrs Pinkerton n'est pas sans rappeler la robe élégante de Signes de Carolyn Carlson: statique, raffinée, lente. Elle arrive en entrant et sortant de la scène, comme si elle ne dépendait vraiment pas de cette histoire et de ce monde. Wilson choisit de ne pas nous montrer la scène du suicide, qui salirait presque le travail esthétique de l'ensemble.

 

À l'inverse de ses partitions plus 'complètes', Butterfly reste sur une même longueur d'onde d'ensemble. Je retrouve presque l'idée de symphonie continue que j'avais vu dans La Dame de pique de Tchaïkovski, avec néanmoins une grande modernité, percussions à l'appui. Les moments de joie sentent eux mêmes la nostalgie d'un bonheur imaginé que Puccini n'a pas souhaité retranscrire. La direction de Callegari n'est pas inoubliable mais suffisamment correcte et pathétique pour mettre en valeur les chanteurs.

 

Svetla Vassileva nous sert une Butterfly superbe qui réussit à m'émouvoir réellement, sans m'endormir. Pinkerton, représentant de l'américain pragmatique et consommateur, se métamorphose un peu en s'approchant de Cio Cio San et de leur enfant, mais finit par lâchement s'échapper. Illincaï n'est pas tout à fait convaincant et s'efface devant Vassileva et les autres hommes. Presque un pantin de ce qu'il représente. Le Goro de Carlo Bosi est trop peu présent pour réellement statuer, il délègue rapidement son rôle paternaliste au consul. Viviani y est très bon. Florian Sempey complète joliment ce trio d'hommes. Enfin, Cornelia Oncioui est très intéressante en Suzuki, un rôle de ‘soubrette’ qui prend ici une toute autre intensité.


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