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Channel: La Loge d'Aymeric
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Soirée avec Antonacci à Favart

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Il Segreto di Susanna: Wolf-Ferrari
La Voix Humaine: Francis Poulenc
Opéra Comique
29 mars 2013
Direction musicale : Pascal Rophé et l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg ; Mise en scène : Ludovic Lagarde ; Contessa Susanna-Elle : Anna Caterina Antonacci ; Conte Gil : Vittorio Prato ; Sante : Bruno Danjoux

 

Grâce au super passeport jeune de l’Opéra Comique (dont je me permets de faire la pub ici, suivez le guide pour prendre le vôtre), je me suis pris presque toutes les soirées de Favart. Et quelle soirée sympathique ! Pour ceux qui ne l’ont jamais entendue, Anna Caterina Antonacci est quand même un sacré phénomène. Après une Cassandre extra l’année dernière à Londres et une Carmen que je n’ai pas eu le courage d’aller entendre, la revoilà dans deux rôles bien loin du grand répertoire. Elle se rapproche de ce que la cantatrice est aujourd’hui : une femme moderne et indépendante.

 

Dans Le Secret de Susanne, le personnage est la femme aboutie de notre époque : à la fois Comtesse et Susanne, Les Noces de Figaro sont bien loin, camériste et noble ne font plus qu’une. Mais nous restons encore au début du XXème siècle, Susanne a encore un domestique, qui n’a pas le droit de chanter certes mais qui joue un rôle considérable de complice. Complice de quoi ?? D’une horreur : la comtesse fume. Et son mari d’imaginer qu’elle a un amant qui enfume l’appartement.

http://chanteur.net/spectacles/20130317-Opera_Comique-Segreto_di_Susanna-Voix_humaine.jpg

On n’est pas loin de Feydeau et des « ciel, mon mari », avec des costumes et des jeux de lumières très colorés qui campent une très bonne ambiance. La musique est très moderne et remplit tout l’espace, avec des thèmes simples et très agréables. L’Orchestre Philharmonique du Luxembourg s’assure un bon succès. On s’amuse devant les situations absurdes, on s’émeut devant les déclarations d’amour des deux jeunes mariés. Vittorio Prato est un baryton qui semble avoir une vie très importante et parait bien ridicule à ne pas trouver l’amant inexistant de sa femme. La situation n’en est que plus savoureuse.

 

Avec La Voix Humaine, on change tout à fait de registre. Le couple n’est plus tout jeune, mais la maîtresse tente de se rattacher à son amant. Il veut récupérer les lettres qu’ils se sont échangés, ne va presque plus jamais la voir. Et elle de son côté ne quitte presque plus son pyjama et son appartement et son téléphone, fait des tentatives de suicide…. L’ambiance est un peu glauque.

 

Heureusement la mise en scène fait paraitre cette œuvre moins longue qu’à l’Athénée. Finalement c’est un peu dur de ne pas réaliser quelque chose de statique. Mais ici, le plateau tourne, nous emmenant dans le salon, la chambre et la salle de bain de la femme. Dans la salle de bain, elle fait couler un grand bain qui déborde, comme si la deuxième tentative de suicide n’était pas loin. Je remercie mon voisin intellectuel qui a cru se retrouver avec cet appartement blanc devant une pub pour un lavabo. Merci, mais la sobriété révèle plutôt l’obsession de cette pauvre femme envers son amant, qui l’intéresse plus que de décorer son appartement qui n’a certes aucune chaleur. Sa vie est devenue aussi blanche que les murs.

http://chanteur.net/spectacles/20130317-Opera_Comique-Segreto_di_Susanna-Voix_humaine-2.jpg

Antonacci me convainc tout à fait dans ce rôle de femme désespérée, qui se rattache finalement à ses grands rôles tragiques, mais avec ici la perfide invention du téléphone, qui ne permet plus d’élan romantique. Quand elle parle de journée avec les pneumatiques à Versailles, je me crois bien dans Proust quelques décennies avant. Mais Proust est mort depuis longtemps, les temps ont changé et les amantes ne meurent plus de tuberculose ou d’amour. Ne reste que le suicide. On pleurerait presque devant le désespoir d’Anna Caterina. A nouveau un succès pour l'Opéra Comique!

 


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