Palais Garnier
29 juin 2013
Pierre Lacotte d’après Philippe Taglioni
Direction musicale : Philippe Hui
La Sylphide : Mélanie Hurel ; James : Pierre-Arthur Raveau ; Effie : Muriel Zusperreguy; La Sorcière : Stéphane Phavorin ; Pas de deux des Ecossais : Mathilde Froustey, Marc Moreau.
Après le premier épisode de La Sylphide, retour le lendemain après-midi à Garnier pour une distribution tout aussi intéressante et qui ne comporte presque que des prises de rôle. J'avais surtout pris cette place pour assister à la dernière parisienne de Mathilde Froustey qui prend un congé d'un an pour aller danser au ballet de San Francisco. Mais l'après-midi a été une vraie surprise et m'a révélé Pierre-Arthur Raveau.
Je n'avais pas pu me rendre à son Basilio en décembre mais la critique avait été dans l'ensemble plutôt positive. Ici, il a montré preuve d'une bien belle endurance, je ne le sens pas fatigué même dans les derniers instants, malgré le rôle, et d'une technique assurée et confirmée dans ce rôle romantique. Physiquement il est bien différent d'Heymann évidemment, et son profile de jeune premier lui assure encore mieux l'aspect dramatique du romantique en recherche d'idéal (aidé notamment par le kilt qui lui va plutôt bien). Il n'est pas encore homme et se permet de flotter vers son idéal, qu’il ne semble finalement jamais trouver.
Il semble avoir d'ailleurs moins accroché au sol et rejoint la sylphide dans son coté aérien, avec une légèreté même dans ses pirouettes et ses manèges. Il semble plus stressé dans les partenariats, s'appliquant nettement à bien tenir la taille ou la main d'une de ses partenaires. Il parait à ces moments là peut être trop méticuleux et moins dans son rôle. Mais cela me parait normal pour son premier James. Élancé comme il l'est, Raveau m'a fait penser à ce que j'attendais de Ganio dans le rôle. Manque de chance, l'étoile s'est blessé et ne finira pas la saison, je resterai donc avec les images de Pierre-Arthur.
Hurel n'ayant rien à voir avec Obraztsova, je ne jouerai pas au jeu des comparaisons. J'ai souvent le même avis sur Hurel, qui s'est en partie confirmé cet après-midi. Je la voyais comme une danseuse très précise, que je qualifierais presque de géométrique. Elle sait se mettre en avant c'est évident avec une technique droite, mais pas toujours avec un jeu dramatique ou une rondeur particulièrement marqué. Dans du Forsythe par exemple elle doit être très bien. Ici elle a certes acquis les bases de la Sylphide, le jeu du haut du corps, la petite batterie, mais ne semble pas toujours comprendre son importance, ce qui entraine quelques légers cafouillages.
Mais après tout, sa Sylphide m'a quand même intéressé dans le sens où elle paraissait plus terrienne. On sort alors du combat intérieur de James entre idéal et réalité, pour se rapprocher davantage d'un choix entre deux femmes dont aucune ne peut lui donner ce qu’il désire. La première, souriante, bonne femme au foyer, s'oppose au petit lutin malicieux. James pense trouver en elle son idéal, mais ne réussit pas. Ce qu’il voit comme son idéal s’évanouit devant lui, il a entrainé celle qu’il voyait comme tel jusqu’à la mort. La ballerine a été forcée et finir par s’effondrer.
Zusperreguy joue d'ailleurs un rôle qui lui va si bien, celui de la jeune fille (bergère, paysanne, ...) insouciante qui illumine la scène de son sourire éclatant. Elle pense que James joue un jeu devant elle quand il s'esquive lors du pas de trois et que le mariage lui suffira amplement. Puis, telle une enfant, elle commence à pleurer, il ne joue pas à un jeu qu'elle aime.
Le corps de ballet m'a donné exactement les mêmes impressions que la veille. Avec toutefois comme importante différence le pas des écossais. J'ai trouvé que le pas était un peu plus maladroit que la veille, la complicité Froustey/M Moreau ne vaut pas celle Zusperreguy/Thibault. Mais les variations étaient très honorables; si Moreau a encore à gagner en maturité malgré des débuts tout à fait corrects, Froustey fait une ultime fois preuve de ses talents et de sa présence scénique.
Je remarque d'ailleurs son petit coup de blues à la fin de l'adage et de sa version, au lieu de sortir comme l'avait fait Muriel la veille, elle reste assise sur le côté, comme pour profiter encore une fois de l'ambiance sur scène. Alors que je vais la voir à la sortie des artistes, elle ne semble pas trop triste, plutôt entre nostalgie des années à l'Opéra, l'excitation de son départ pour San Francisco et son possible retour. Les fans étaient nombreux à attendre et le début prometteur de Raveau et le départ (provisoire?) de Mathilde.
J'avais déjà parlé du dernier concours de promotion, et vous retrouverez chez danses avec la plume une longue et sincère interview. Je lui souhaite maintenant une très bonne saison maintenant qu'elle a repris les cours outre-Atlantique, nous la retrouverons aux Etés de la Danse en Juillet prochain et, qui sait, de retour ensuite à l'Opéra !